An un-well-made story (L’immersion = ¿Ángeles en lo alto?)

English followed by une version en français y una versión en español. There is also an Explication after each of the versions. J’ai décidé de traduire les paroles du chant de Noël anglais en lugar de buscar equivalentes franceses o españoles.

The Dip

An un-well-made story

Orange, yellow, red lips, trees perhaps - abstract by William Eaton, 2023All the arrangements had been made.

John was in the back, Elizabeth driving as usual.

Elizabeth said, “You know, sometimes I wake up from an elaborate dream and a thought, or a worry, comes to me, and this worry—this thing—seems to have nothing to do with what I was dreaming about. And yet it’s clearly what my subconscious could no longer keep to itself. And—”

She stopped speaking. A van backing awkwardly out of a driveway had caught her attention.

John leaned forward against the back of the seat in front and said. “I’m not sure you understand. When I said you were the person, the woman, I wanted to spend more time with, this was in large part because you seem to have such a good time when we’re together.”

Elizabeth was going to stop at the garden store to buy more fertilizer, but instead drove on to her place by the river. What with the heavy rains that spring, the river had grown so wide, she could no longer leap across. “If we’d brought suits,” she said, “we could take a dip.”

The bureaucrat is not supposed to climb out of the box.

They both stripped down to their underwear and waded in.

Elizabeth looked over at John and said, in a voice that reminded him of his late mother, “I’m not doing that well.”

Angels we have heard on high
Sweetly singing over the plains,
Shepherds why this jubilee?
Why your joyous strains prolong?

That had been his mother’s favorite Christmas carol.

Explication

I have been in occasional dialogue with an American writer and literature professor regarding the “well-made story.” This is a form of short fiction that dates back at least to James Joyce’s Dubliners story collection, though I would propose that Maupassant was writing great well-made stories avant la lettre.

As I understand it, in a well-made story, all the descriptions and bits of dialogue are to contribute to the plot or theme, to have a kind of symbolic value. There is to be nothing extraneous or, let’s say, casual. (A Somerset Maugham story might not qualify?) In addition, though the story is not a memoir or work of autofiction, it seems to be true, not contrived and not science-fiction.

Among the examples of not well-made stories that come to mind: dreams, the Surrealists’ cadavres exquis, and at least some of the stories of writers such as Borges or Calvino.

With all this in mind, the iconoclast in me set out to write the present “un-well-made story.” Four May mornings in a row, when I woke up around dawn to go to the bathroom, a phrase or two would come to my mind, and out of the collection of these phrases I made “The Dip.” My idea was that the phrases would not fit tightly together; as with our memories of a dream, it could be just one detail that struck us and around which we constructed our understanding of the “text.” And each reader would be free to construct his own understanding, his own story.

I note that, on one level, the task proved more difficult than I expected. And this in part because, un-iconoclastically, I followed the convention of having the story go from a point A to a point Z over a set period of time.

Finding meaning is a function of the human mind which is likely difficult to turn off. We might say that life is an ever-evolving puzzle for us, and we become expert in rearranging the pieces so that they always seem to fit together, always suggest a conclusion.

In writing “The Dip” I made some deliberate attempts to combat this habit—the lines from the Christmas carol are a notable example—but I would not be surprised to learn that these attempts were for many readers unsuccessful. They were able to make a coherent story out of the elements I offered.

Français

L’immersion

Une histoire mal ficelée

Toutes les dispositions avaient été prises.

Jean-Pierre était à l’arrière, Élisabeth conduisait comme d’habitude.

Élisabeth dit : « Tu sais, parfois je me réveille d’un rêve élaboré et une pensée, ou une inquiétude, me vient, et cette inquiétude – cette chose – semble n’avoir rien à voir avec ce dont je rêvais. Et pourtant, c’est clairement ce que mon subconscient ne pouvait plus garder pour lui. Et… »

Elle s’arrête de parler. Une camionnette qui sortait maladroitement d’une allée avait attiré son attention.

Jean-Pierre s’est appuyé contre le dossier du siège avant et dit : « Je ne suis pas sûr que tu comprenais. Quand j’ai dit que tu étais la personne, la femme, avec laquelle je voulais passer plus de temps, c’était en grande partie parce que tu sembles tellement contente quand nous sommes ensemble ».

Élisabeth allait s’arrêter au magasin de jardinage pour acheter de l’engrais, mais elle continuait jusqu’à un petit parking au bord de la rivière. Avec les fortes pluies du printemps, la rivière s’était tellement élargie qu’Elizabeth ne pouvait plus la traverser d’un bond. « Si nous avions apporté des costumes, dit-elle, nous pourrions faire trempette. »

Le bureaucrate n’est pas censé sortir de sa boîte.

Ils se sont tous deux déshabillés et ont plongé dans l’eau.

Élisabeth regarde Jean-Pierre et lui dit, d’une voix qui lui rappelle sa défunte mère : « Je ne vais pas très bien. »

Anges que nous avons entendus dans les hauteurs
Qui chantent doucement au-dessus des plaines,
Bergers, pourquoi ce jubilé ?
Pourquoi vos chants joyeux se prolongent-ils ?

C’était le chant de Noël préféré de sa mère.

Explication

Avec un écrivain et professeur de littérature américain, j’ai dialogué un peu au sujet de « well-made story » (une histoire bien ficelée). Il s’agit d’une forme de fiction courte qui remonte au moins au recueil de nouvelles Dubliners de James Joyce, et même si je dirais que Maupassant écrivait d’excellentes histoires bien faites avant la lettre.

Si je le comprends bien, dans une histoire bien faite, toutes les descriptions et les bribes de dialogue doivent contribuer à l’intrigue ou au thème ; elles doivent avoir une sorte de valeur symbolique. Il ne doit rien y avoir de superflu ou, disons, de désinvolte. (En outre, bien que l’histoire ne soit pas un mémoire ou une œuvre d’autofiction, elle doit sembler être vraie. Disqualifiés : la science-fiction ou les artifices de la fiction expérimentale.)

Parmi les exemples d’histoires non « well-made » qui me viennent à l’esprit : les rêves, les cadavres exquis des surréalistes et certaines histoires d’écrivains tels que Borges ou Calvino.

En tout cas, c’est en pensant à tout cela que l’iconoclaste en moi a entrepris d’écrire la présente « histoire pas bien faite ». Quatre matins de mai d’affilée, lorsque je me réveillais à l’aube pour aller aux W.C., une ou deux phrases me venaient à l’esprit, et c’est à partir de la collection de ces phrases que j’ai créé « L’immersion ». Mon idée était que les phrases ne seraient pas étroitement liées les unes aux autres ; comme dans nos souvenirs d’un rêve, il pouvait s’agir d’un seul détail qui nous frappait et autour duquel nous construisions notre compréhension du « texte ». Et chaque lecteur serait libre de construire sa propre compréhension, sa propre histoire.

Je note qu’à un certain niveau, la tâche s’est avérée plus difficile que je ne l’espérais. Et ce, en partie parce que, de manière peu iconoclaste, j’ai suivi la convention qui consiste à faire passer l’histoire d’un point A à un point Z au cours d’une laps de temps donnée.

La recherche de sens est une fonction de l’esprit humain qu’il est probablement difficile de désactiver. Nous pourrions dire que la vie est pour nous un puzzle en constante évolution, et nous devenons experts dans l’art de réarranger les pièces pour qu’elles semblent toujours s’emboîter et pour qu’elles suggèrent toujours une conclusion.

En écrivant « L’immersion », j’ai délibérément tenté de combattre cette habitude – les lignes du chant de Noël en sont un exemple notable – mais je ne serais pas surpris d’apprendre que ces tentatives ont été infructueuses pour de nombreux lecteurs. Ils ont été capables de créer une histoire cohérente à partir des éléments que j’ai proposés.

Español

La Inmersión

Una historia mal hecha

Todos los preparativos estaban hechos.

Juan iba en la parte de atrás, Isabel conducía como de costumbre.

Isabel dijo: “Sabes, a veces me despierto de un sueño elaborado y me viene un pensamiento, o una preocupación, y esta preocupación -esta cosa- parece no tener nada que ver con lo que estaba soñando. Y, sin embargo, es claramente lo que mi subconsciente ya no podía guardarse para sí. Y… ”

Dejó de hablar. Le llamó la atención una furgoneta que salía torpemente de un camino de entrada.

Juan se apoyó en el respaldo del asiento de delante y dijo. “No estoy seguro de que lo entiendas. Cuando dije que eras la persona, la mujer, con la que quería pasar más tiempo, fue en gran parte porque pareces tan feliz cuando estamos juntos.”

Isabel iba a parar en la tienda de jardinería para comprar más fertilizante, pero en lugar de eso se dirigió a su casa junto al río. Con las fuertes lluvias de aquella primavera, el río se había ensanchado tanto que ya no podía cruzarlo de un salto. “Si hubiéramos traído trajes”, dijo, “podríamos darnos un chapuzón”.

El burócrata no debe salir de la caja.

Ambos se desnudaron y se metieron en el agua.

Isabel miró a Juan y le dijo, con una voz que le recordó a la de su difunta madre: “No lo llevo tan bien”.

Ángeles hemos oído en lo alto
Dulcemente cantando sobre las llanuras,
Pastores, ¿por qué este jubileo?
¿Por qué se prolongan vuestros alegres acordes?

Ese había sido el villancico favorito de su madre.

Explicación

He dialogado de vez en cuando con un escritor y profesor de literatura estadounidense sobre el “well-made story” (un cuento que se dice bien hecha). Se trata de una forma de ficción breve que se remonta al menos a la colección de relatos Dubliners de James Joyce, aunque yo propondría que Maupassant escribía grandes relatos bien hechos avant la lettre.

Tal y como yo lo entiendo, en una historia bien hecha, todas las descripciones y fragmentos de diálogo deben contribuir a la trama o al tema. Ellos deben tener una especie de valor simbólico. No debe haber nada superfluo o, digamos, casual. (Además, aunque el relato no sea una memoria o una obra de autoficción, debe parecer verídico. Descalificados: la ciencia ficción o los artificios de la ficción experimental.

Entre los ejemplos de relatos no bien hechos que me vienen a la cabeza: los sueños, los cadavres exquis de los surrealistas, y al menos algunos de los relatos de escritores como Borges o Calvino.

Con todo esto en mente, el iconoclasta que hay en mí se propuso escribir la presente «historia no bien hecha». Cuatro mañanas de mayo seguidas, cuando me levantaba de madrugada para ir al baño, me venían a la mente una o dos frases, y fue a partir de la recopilación de estas frases que creé “La inmersión”. Mi idea era que las frases no encajaran unas con otras; como ocurre con nuestros recuerdos de un sueño, podría ser un solo detalle el que nos impactara y en torno al cual construyéramos nuestra comprensión del “texto”. Y cada lector sería libre de construir su propia comprensión, su propia historia.

Observo que, en cierto modo, la tarea resultó más difícil de lo que esperaba. Y ello en parte porque, de forma poco iconoclasta, seguí la convención de hacer que la historia fuera de un punto A a un punto Z en un periodo de tiempo determinado.

La búsqueda de sentido es una función de la mente humana difícil de desactivar. Podríamos decir que la vida es para nosotros un rompecabezas en constante evolución, y nos volvemos expertos en reordenar las piezas para que siempre parezcan encajar, sugiriendo siempre una conclusión.

Al escribir “La inmersión” hice algunos intentos deliberados de combatir este hábito -las líneas del villancico son un ejemplo notable-, pero no me sorprendería saber que estos intentos resultaron infructuosos para muchos lectores. Fueron capaces de construir una historia coherente a partir de los elementos que les ofrecí.

— Story (récit, relato) and artwork by William Eaton.

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