Three notes on the current dilemma (le dilemme actuel, el dilema actual)

English followed by une version en français y una versión en español. There is also a Notes section in English.

As regards the current need for significant changes in land use and transportation infrastructure, I note this line regarding provincial France in the 1940s, when « Le silence était le fond des choses et le vélo mesurait la vitesse de la vie. » Silence was the backdrop and bicycles set the pace. (From Annie Ernaux, Les années.)

Indeed the bicycle would seem to be the exception that proves the rule discussed below; the one outstanding invention with which time has not been able to find fault.

Three notes on the current dilemma

1

A great deal of my extraordinary celebrity rests on the fact that—longer ago than I can remember—I happened to write: “Those who think technology can be advanced are behind the times.”

I would now add a sort of technical addendum: Under capitalism it generally takes fifty to one hundred years for a significant number of human beings to realize that a new invention is at least as noxious as it once seemed beneficial.

Perhaps, in this case as in others, the pace is accelerating. With cellphones and social media the span has been reduced to a decade or so. Plastics, somewhat more than fifty years. A fossil-fuel based transportation system, somewhat more than one hundred years.

Penicillin, and antibiotics more generally, and the “Green Revolution” in agriculture—monoculture, high-yielding varieties, heavy use of chemical fertilizers and pesticides—may seem interesting exceptions, insofar as a significant number of human beings are not yet ready to declare these “inventions” as noxious as they have seemed beneficial.

2

In the darkness of the rise of reactionary, anti-environmental factions and politicians, I have gotten the sense that one underlying force is human beings’ psychological as well as economic struggles to come to terms with the destructiveness of our current way of life and economic system. Not surprisingly, most people are hardly eager to change their way of life, and nor do they wish to recognize that life in general comes with limits and that their ways are unhealthy, bad even. And thus there is a perverse embracing of destructiveness and of destructive leaders.

Could this be to the good long term—or be part of the catastrophe that humanity and the environment cannot, unfortunately, do without—insofar as the current ways do need to be radically altered?

I note a line, translated, from Friedrich Engels’s 1877 “Anti-Dühring”: If the whole of modern society is not to perish, a revolution in the mode of production and distribution must take place. Engels’s observation overlooks—as my observations have been overlooking, as most all our observations overlook—the key point: It is not we human beings (poor, elite or super-rich) who are driving the train; we are all being driven by the unceasing demands of capital to find ways to increase or preserve its return on investment.

A more accurate and once much-quoted line from Antonio Gramsci’s prison notebooks (1929-1935): “La crisi consiste appunto nel fatto che il vecchio muore e il nuovo non può nascere: in questo interregno si verificano i fenomeni morbosi piú svariati.” The crisis consists precisely in the fact that the old is dying and the new cannot be born; in this interregnum a great variety of morbid symptoms appear.

3

Overlooking again the demands of capital, I am struck that the necessary changes do not seem all that onerous. We need to travel a lot less. We need to use public transportation and bicycles much more often than private motor vehicles. We need to better insulate our buildings. Etc.

Of course all this requires significant changes in land use and transportation infrastructure, and this particularly in countries such as the United States that are very large and heavily dependent on air and individualized motor-vehicle transportation. But both the airplane and individualized motor-vehicle transportation are of recent vintage, hardly more than a hundred years old. Like the gourd God prepared to shelter Jonah, they have come up in a night and might as well perish in a night.

Français

Trois notes sur le dilemme actuel

1

Une grande partie de mon extraordinaire célébrité repose sur le fait qu’il y a plus longtemps que je me souvienne, j’ai écrit : « Those who think technology can be advanced are behind the times. » (Ceux qui pensent que la technologie peut être avancée sont en retard.)

J’ajouterais maintenant une sorte d’addendum technique : sous le capitalisme, il faut généralement entre cinquante et cent ans pour qu’un nombre important d’êtres humains se rend compte qu’une nouvelle invention est au moins aussi nocive qu’elle semblait bénéfique.

Peut-être, dans ce cas comme dans d’autres, le rythme s’accélère-t-il. Avec les téléphones portables et les médias sociaux, la durée a été réduite à une dizaine d’années. Les plastiques, un peu plus de cinquante ans. Un système de transport basé sur les combustibles fossiles, un peu plus de cent ans.

La pénicilline, et plus généralement les antibiotiques, ainsi que la « révolution verte » dans l’agriculture – la monoculture, les variétés à haut rendement, l’utilisation massive d’engrais chimiques et de pesticides – peuvent sembler des exceptions intéressantes, dans la mesure où un nombre important d’êtres humains ne sont pas encore prêts à déclarer ces « inventions » aussi nocives qu’elles ont semblé bénéfiques.

2

Dans la pénombre de la montée des factions et des politiciens réactionnaires et anti-environnementaux, j’ai eu le sentiment que l’une des forces sous-jacentes est la lutte psychologique et économique que mènent les êtres humains pour assumer le caractère destructeur de notre mode de vie et de notre système économique actuels. Il n’est pas surprenant que la plupart des gens ne soient guère désireux de changer leur mode de vie et ne souhaitent pas non plus reconnaître que la vie en général a des limites et que leur mode de vie est malsain, voire mauvais. C’est ainsi que l’on assiste à une adhésion perverse à la destructivité et aux dirigeants destructeurs.

Cela pourrait-il être bénéfique à long terme ou faire partie de la catastrophe dont l’humanité et l’environnement ne peuvent malheureusement pas se passer, dans la mesure où les méthodes actuelles doivent être radicalement modifiées ?

Je note une ligne, traduite, de l’« Anti-Dühring » de Friedrich Engels (1877) : Si l’ensemble de la société moderne ne doit pas périr, une révolution dans le mode de production et de distribution doit avoir lieu. L’observation d’Engels néglige – comme mes observations l’ont négligé, comme la plupart de nos observations le négligent – le point essentiel : ce n’est pas nous, les êtres humains (pauvres, élites ou super-riches), qui conduisons le train ; nous sommes tous poussés par les demandes incessantes de capital à trouver des moyens d’augmenter ou de préserver son retour sur investissement.

Une phrase plus précise tirée, et autrefois très citée, des cahiers de prison de Antonio Gramsci (1929-1935) : « La crisi consiste appunto nel fatto che il vecchio muore e il nuovo non può nascere: in questo interregno si verificano i fenomeni morbosi piú svariati. » La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés.

3

En négligeant une fois de plus les exigences du capital, je remarque que les changements nécessaires ne semblent pas si onéreux. Nous devons voyager beaucoup moins. Nous devons utiliser les transports publics et les vélos beaucoup plus souvent que les véhicules motorisés privés. Nous devons mieux isoler nos bâtiments. Etc.

Bien sûr, tout cela nécessite des changements importants dans l’utilisation des sols et l’infrastructure des transports, en particulier dans des pays comme les États-Unis qui sont très étendus et fortement dépendants de l’avion et du transport individuel par véhicule motorisé. Mais l’avion et le transport motorisé individuel sont des inventions récents, ils n’ont guère plus d’une centaine d’années. Comme le ricin que Dieu a préparée pour abriter Jonas, ils sont apparus en une nuit et pourraient tout aussi bien périr en une nuit.

Español

Tres notas sobre el dilema actual

1

Gran parte de mi extraordinaria celebridad se debe a que, hace más tiempo del que puedo recordar, escribí: “Those who think technology can be advanced are behind the times.” (Los que piensan que la tecnología puede ser avanzada están atrasados.)

Ahora añadiría una especie de apéndice técnico: en el capitalismo suelen pasar entre cincuenta y cien años para que un número importante de seres humanos empiece a darse cuenta de que un nuevo invento es al menos tan nocivo como antes parecía beneficioso.

Quizá, en este caso como en otros, el ritmo se esté acelerando. Con los teléfonos móviles y las redes sociales el lapso se ha reducido a una década más o menos. Los plásticos, algo más de cincuenta años. Un sistema de transporte basado en combustibles fósiles, algo más de cien años.

La penicilina, y los antibióticos en general, y la «Revolución Verde» en la agricultura -monocultivos, variedades de alto rendimiento y un uso intensivo de fertilizantes y pesticidas químicos- pueden parecer una excepción interesante, en la medida en que un número importante de seres humanos aún no está preparado para declarar estos “inventos” tan nocivos como han parecido beneficiosos.

2

En la oscuridad del auge de facciones y políticos reaccionarios y antiecologistas, tengo la sensación de que una fuerza subyacente es la lucha psicológica y económica de los seres humanos por aceptar la destructividad de nuestro actual modo de vida y sistema económico. No es de extrañar que la mayoría de la gente no esté dispuesta a cambiar su modo de vida, ni a reconocer que la vida en general tiene sus límites y que sus costumbres son malsanas, incluso malas. Y así se produce una perversa aceptación de la destructividad y de los líderes destructivos.

¿Podría esto ser bueno a largo plazo -o formar parte de la catástrofe de la que la humanidad y el medio ambiente, por desgracia, no pueden prescindir- en la medida en que los métodos actuales deben modificarse radicalmente?

Tomo nota de una frase, traducida, del «Anti-Dühring» de Friedrich Engels (1877): Si no queremos que toda la sociedad moderna perezca, debe producirse una revolución en el modo de producción y distribución. La observación de Engels pasa por alto -como mis observaciones han pasado por alto, como la mayoría de nuestras observaciones pasan por alto- el punto clave: no son nosotros, los seres humanos (pobres, de élite o superricos), los que estamos conduciendo el tren; todos somos impulsados por las incesantes exigencias del capital para encontrar formas de aumentar o preservar su rendimiento de la inversión.

Una frase más precisa (y en otro tiempo muy citada) de los cuadernos de la cárcel de Antonio Gramsci (1929-1935): “La crisi consiste appunto nel fatto che il vecchio muore e il nuovo non può nascere: in questo interregno si verificano i fenomeni morbosi più svariati.” La crisis consiste precisamente en que lo viejo está muriendo y lo nuevo no puede nacer; en este interregno aparecen los más variados síntomas mórbidos.

3

Pasando por alto una vez más las exigencias del capital, me sorprende que los cambios necesarios no parezcan tan onerosos. Tenemos que viajar mucho menos. Tenemos que utilizar el transporte público y la bicicleta mucho más a menudo que los vehículos de motor privados. Tenemos que aislar mejor nuestros edificios. etc.

Por supuesto, todo esto requiere cambios significativos en el uso del suelo y en las infraestructuras de transporte, sobre todo en países como Estados Unidos, que son muy grandes y dependen en gran medida del transporte aéreo y de los vehículos de motor individualizados. Pero tanto el avión como el transporte motorizado individualizado son de reciente aparición, apenas tienen más de cien años. Como la calabacera que Dios preparó para albergar a Jonás, han surgido en una noche y también podrían perecer en una noche.

— Text(s) and photograph by William Eaton.

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