The US catastrophe makes it difficult for an American, even if living abroad, to focus on anything else, but one does keep searching for the bigger picture. As for the series of pictures appearing here: it would seem my photography is heading in new directions, but . . . I’m still learning what those might be! In any case, these images are not meant to illustrate the text, but to serve as a kind of counterpoint.
English followed by une version en français y una versión en español.
Ultimately, freedom is gained only at one’s own expense?

Somewhere on the Web I came across a proposition of the French poet Pierre Reverdy:
La liberté ne se conquiert jamais au détriment de celle des autres. Être libre, c’est dominer. Dans le dernier cas, la liberté n’est acquise qu’au détriment de soi.
These words are not difficult to translate.
It’s not freedom if it comes at others’ expense. To be free is to dominate. Ultimately, freedom is gained only at one’s own expense.
But what is Reverdy trying to say? (This is an open question. If Montaigbakhtinian visitors have ideas, I’m all ears.)
With an old friend, a French translator, I entered into a brief online dialogue about the proposition. He hazarded the following explication:
« Être libre c’est dominer…. au détriment de soi ». I.e. il faut SE DOMINER soi-même pour être libre…
“To be free is to dominate…. to the detriment of oneself”. I.e. you have to DOMINATE yourself to be free…
This proposal sent me off in another direction. I could certainly see how my “freedom” could come at others’ expense. And so perhaps Reverdy means that because my freedom comes at others’ expense, it lessens me, makes me a less worthy person? So then I’m better off not trying to dominate or trying to be free.
And that rumination led me to recall that Reverdy (1889-1960) had been a lover and then longtime friend of Coco Chanel’s. At one point she appointed the poet manager of a knitwear factory, thus assuring him of a good income. And she also secretly bought his manuscripts through his publisher, thus conferring on Reverdy further income and value, let’s call it.
In the middle of this friendship, Chanel collaborated with the Nazis. Perhaps most notably, she tried, unsuccessfully, to use the Nazi’s laws preventing Jews from owning businesses to wrest control of the Chanel perfume company from its owners.
We might find in that anecdote the beginnings of an understanding of how one individual’s freedom may come at other’s expense. In a more general way we might say that any well-to-do person who is enjoying what may appear to be a relatively “free” life is in fact profiting from her or his ability to dominate or exploit other people. If I can pay an excellent cleaning lady a decent hourly wage that is, nonetheless, a tenth of the compensation per hour that I used to earn as a privileged professional… This frees me in a certain way, gives me “free time.” And if she is content because she accepts that it’s only right that a person with my credentials, talents and intelligence should live more comfortably than she… And if her and my capacities are accidents of birth… Where is my freedom in all this?
Inversely, Reverdy’s own freedom to make a life as a poet (i.e. hardly selling enough books to support himself) depended on his ability to please Chanel (to include, it is thought, writing or editing aphorisms that were disseminated as “Chanelismes.”)
Une femme sans parfum est une femme sans avenir. (A woman who doesn’t wear perfume has no future.)
Il faut de la beauté pour être aimée des hommes, de la bêtise pour les aimer. (It takes beauty to be loved by men, and stupidity to love them.)
Reverdy’s own aphorisms appear in his books En vrac (In bulk) and Le Livre de mon bord (The book at my side). The first of these two includes, among many other aphorisms:
Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime. (It’s not so much freedom that we need, but to be chained only to what we love.)
It would seem worth noting that the dominator in this expression is a thing, not a person.
And we might recall the American l labor leader Eugene Debs’s famous statement to the judge who had just sentenced him (in 1918) to ten years in prison for sedition. He had long been a socialist, and he had urged resistance to the World War I military draft. Debs’s statement:
Your Honor, years ago I recognized my kinship with all living beings, and I made up my mind that I was not one bit better than the meanest on earth. I said then, and I say now, that while there is a lower class, I am in it, and while there is a criminal element, I am of it, and while there is a soul in prison, I am not free.
Français
Dans le dernier cas, la liberté n’est acquise qu’au détriment de soi ?
Quelque part sur le Web, je suis tombé sur une proposition du poète français Pierre Reverdy :
La liberté ne se conquiert jamais au détriment de celle des autres. Être libre, c’est dominer. Dans le dernier cas, la liberté n’est acquise qu’au détriment de soi.
Qu’est-ce que Reverdy essaie de dire ? (C’est une question ouverte. Si les visiteurs montaigbakhtiniens ont des idées, je suis tout ouïe).
Avec un vieil ami traducteur français, j’ai entamé un bref dialogue en ligne sur la proposition. Il s’est risqué à l’explication suivante :
Être libre c’est dominer…. au détriment de soi. I.e. il faut SE DOMINER soi-même pour être libre…
Cette proposition m’a fait prendre une autre direction. Je voyais bien comment ma “liberté” pouvait se faire au détriment des autres. Et donc peut-être que Reverdy veut dire que parce que ma liberté se fait aux dépens des autres, elle me diminue, fait de moi une personne moins digne ? Il vaut donc mieux que je cherche ni à dominer ni à être libre.
Cette réflexion m’a amené à me rappeler que Reverdy (1889-1960) avait été l’amant puis l’ami de longue date de Coco Chanel. À un moment donné, elle a nommé le poète directeur d’une usine de tricots, lui assurant ainsi un bon revenu. Secrètement elle achetait aussi ses manuscrits par l’intermédiaire de son éditeur, conférant ainsi à Reverdy d’autres revenus et une valeur, disons-le.
Au milieu de cette amitié, Chanel a collaboré avec les nazis. Elle a notamment tenté, sans succès, d’utiliser les lois nazies empêchant les Juifs de posséder des entreprises pour arracher le contrôle de la société de parfums Chanel à ses propriétaires.
Nous pourrions trouver dans cette anecdote les prémices d’une compréhension de la manière dont la liberté d’un individu peut se faire aux dépens d’un autre. D’une manière plus générale, nous pourrions dire que toute personne aisée qui jouit d’une vie apparemment « libre » profite en fait de sa capacité à dominer ou à exploiter d’autres personnes. Si je peux payer à une excellente femme de ménage un salaire horaire décent qui représente néanmoins un dixième de la rémunération horaire que je gagnais en tant que professionnel privilégié… Cela me libère d’une certaine manière, me donne du « temps libre ». Et si cette femme est satisfaite parce qu’elle accepte qu’il est juste qu’une personne ayant mes références, mes talents et mon intelligence vive plus confortablement qu’elle… Et si ses capacités et les miennes sont des accidents de naissance… Où est ma liberté dans tout cela ?
Inversement, la liberté de Reverdy de mener une vie de poète (c’est-à-dire de vendre à peine assez de livres pour subvenir à ses besoins) dépendait de sa capacité à plaire à Chanel (y compris, semble-t-il, en écrivant ou en éditant des aphorismes qui étaient diffusés sous le nom de « Chanelismes »).
Une femme sans parfum est une femme sans avenir.
Il faut de la beauté pour être aimée des hommes, de la bêtise pour les aimer.
Les aphorismes de Reverdy apparaissent dans ses livres En vrac et Le Livre de mon bord. Le premier de ces deux livres contient, parmi de nombreux autres aphorismes :
Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime.
Il semble utile de noter que le dominateur dans cette expression est une chose et non une personne.
On pourrait rappeler aussi la célèbre déclaration du leader syndical américain Eugene Debs au juge qui venait de le condamner (en 1918) à dix ans de prison pour sédition. Socialiste de longue date, il avait appelé à la résistance contre l’appel militaire de la Première Guerre mondiale. Une traduction de la déclaration :
Votre Honneur, il y a des années, j’ai reconnu ma parenté avec tous les êtres vivants et j’ai décidé que je ne valais pas mieux que les plus méchants de la terre. J’ai dit alors, et je dis maintenant, que s’il y a une classe inférieure, j’en fais partie, et s’il y a un élément criminel, j’en fais partie, et s’il y a une âme en prison, je ne suis pas libre.
Español
¿Al fin y al cabo, la libertad sólo se adquiere a costa de uno mismo?
En algún lugar de la Web encontré una proposición del poeta francés Pierre Reverdy:
La liberté ne se conquiert jamais au détriment de celle des autres. Être libre, c’est dominer. Dans le dernier cas, la liberté n’est acquise qu’au détriment de soi.
Estas palabras no son difíciles de traducir.
No es libertad si se adquiere a costa de los demás. Ser libre es dominar. ¿Al fin y al cabo, la libertad sólo se adquiere a costa de uno mismo.
Pero, ¿qué está tratando de decir Reverdy? (Esta es una pregunta abierta. Si los visitantes de Montaigbakhtin tienen ideas, soy todo oídos).
Con un viejo amigo, traductor de francés, entablé un breve diálogo en línea sobre la propuesta. Aventuró la siguiente explicación:
Être libre c’est dominer…. au détriment de soi. I.e. il faut SE DOMINER soi-même pour être libre…
Ser libre es dominar…. en detrimento de uno mismo. Es decir, hay que DOMINARSE para ser libre…
Esta propuesta me lanzó en otra dirección. Desde luego, podía ver cómo mi “libertad” podía ser a costa de los demás. Entonces, ¿quizás Reverdy quiere decir que, como mi libertad se produce a expensas de los demás, me rebaja, me convierte en una persona menos digna? Entonces es mejor que no intente dominar o que intente ser libre.
Y esa reflexión me llevó a recordar que Reverdy (1889-1960) había sido amante y luego amigo durante mucho tiempo de Coco Chanel. En un momento dado, ella nombró al poeta director de una fábrica de géneros de punto, asegurándole así unos buenos ingresos. Y también en secreto ella compró sus manuscritos a través de su editor, confiriendo así a Reverdy más ingresos y más valor, llamémoslo así.
En medio de esta amistad, Chanel colaboró con los nazis. Quizás lo más notable fue que intentó, sin éxito, utilizar las leyes nazis que impedían a los judíos ser propietarios de empresas para arrebatar el control de la empresa de perfumes Chanel a sus propietarios judíos.
En esta anécdota podríamos encontrar el principio de la comprensión de cómo la libertad de un individuo puede conseguirse a expensas de otro. De un modo más general, podríamos decir que cualquier persona acomodada que disfrute de lo que puede parecer una vida relativamente «libre» se está beneficiando de hecho de su capacidad para dominar o explotar a otras personas. Si puedo pagar a una excelente señora de la limpieza un salario por hora decente que es, sin embargo, una décima parte de la remuneración por hora que yo ganaba como profesional privilegiado… Esto me libera en cierto modo, me da «tiempo libre». Y si ella está contenta porque acepta que es justo que una persona con mis credenciales, talentos e inteligencia viva más cómodamente que ella… Y si ella y mis capacidades son accidentes de nacimiento… ¿Dónde está mi libertad en todo esto?
A la inversa, la propia libertad de Reverdy para ganarse la vida como poeta (es decir, sin apenas vender libros suficientes para mantenerse) dependía de su capacidad para complacer a Chanel (lo que incluía, según se cree, escribir o editar aforismos que se difundían como «Chanelismes»).
Une femme sans parfum est une femme sans avenir. (Una mujer que no usa perfume no tiene futuro.)
Il faut de la beauté pour être aimée des hommes, de la bêtise pour les aimer. (Hace falta belleza para ser amado por los hombres, y estupidez para amarlos).
Los aforismos del propio Reverdy aparecen en sus libros En vrac (A granel) y Le Livre de mon bord (El libro a mi lado). El primero de estos dos incluye, entre otros muchos aforismos:
Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime. (No es tanta libertad lo que necesitamos, sino estar encadenados sólo a lo que amamos).
Cabe señalar que el dominador en esta expresión es una cosa, no una persona.
Y podríamos recordar la famosa declaración del líder obrero estadounidense Eugene Debs al juez que acababa de condenarle (en 1918) a diez años de prisión por sedición. Debs era socialista desde hacía mucho tiempo y había instado a la resistencia contra el servicio militar obligatorio de la Primera Guerra Mundial. La declaración de Debs (aquí en traducción):
Señor, hace años reconocí mi parentesco con todos los seres vivos, y decidí que no era ni un poco mejor que el más mezquino de la tierra. Dije entonces, y digo ahora, que mientras haya una clase inferior, pertenezco a ella, y mientras haya un elemento criminal, pertenezco a él, y mientras haya un alma en prisión, no soy libre.
— Text(s) and photographs by William Eaton. The series of photographs were taken at the Conservatoire du 10e Hector Berlioz, Paris.