English followed by une version en français y una versión en español.
Howdy stranger!
P-, an American model I wanted to work with, said she was coming through Paris. We made a date. But then, a few days in advance, she texted me that she was so sorry, she had had to go back to the United States. It seemed possible, nonetheless, that she was in fact in Paris, and thus we might run into one another. She might not be able to recognize me; but, from any number of photos, to include of her naked in a New York City subway car, I expected I’d recognize her.
And then it was announced that a famous French philosopher had died. Various media outlets showed the same photo of him, clothed, looking perhaps twenty years younger than when I had last seen him in my neighborhood, a few months earlier.
I went to the department store cafeteria where I sometimes go to work. From “my” back corner table there is a view of the Panthéon, and, at the very next table, was a man who looked like the photo of the philosopher.
He was talking to his wife in Spanish while my laptop was warming up. I am close to morally opposed to talking on the phone in public places. And it had been so heartwarming earlier in the day to hear three people in my health club actually having a conversation—right there, earpodless, live people to live people! And yet, . . . this day—how could this have been?—I somehow ended up having my weekly zoom call with a friend three thousand miles away, and from right there in that cafeteria.
My friend, D-, told me that some American philosopher had proposed that, even though we do not really enjoy (or suffer from) free will, it is best—most enjoyable?—to act as if we did. Of course if we have no free will, speculations that one or another way of acting are “best” or immoral are, at best, intellectual entertainment.
But as I was noting this to D-, and bringing into the conversation “Pascal’s wager” (best to bet that God exists), and thinking of Tertullian’s Credo quia absurdum (because it is absurd, it is certain that the son of God died and rose from the grave) . . . As such thoughts and words were going through my mind, the dead philosopher and his wife rose to bus their plastic trays and go through the lingerie department to the restrooms, and P- slipped in next to me on the banquette.
“Howdy stranger!” she said and gave me such a sweet kiss on the cheek!
Français
Salut inconnu !
P-, un modèle américain avec qui je voulais travailler, a dit qu’elle passait par Paris. Nous avons fixé un rendez-vous. Mais ensuite, quelques jours avant, elle m’a envoyé un texto pour me dire qu’elle était vraiment désolée, qu’elle avait dû rentrer aux États-Unis. Il semblait possible, cependant, qu’elle soit en fait à Paris, et donc que nous nous rencontrions. Elle n’avait peut-être pas une bonne idée de ce à quoi je ressemblais, mais d’après plusieurs photos, dont une d’elle nue dans un métro de New York, je pense pouvoir la reconnaître.
Et puis on a annoncé la mort d’un célèbre philosophe français. Différents sites Web ont montré la même photo de lui, habillé, paraissant peut-être vingt ans plus jeune que la dernière fois que je l’avais vu dans mon quartier, quelques mois auparavant.
Je me suis rendu à la cafétéria du grand magasin où je vais parfois travailler. De « ma » table du fond, on a une vue sur le Panthéon et, à la table voisine, se trouvait un homme qui ressemblait à la photo du philosophe.
Il parlait à sa femme en espagnol pendant que mon ordinateur portable chauffait. Je suis presque moralement opposé au fait de parler au téléphone dans les lieux publics. Et plus tôt dans la journée, cela m’avait fait chaud au cœur d’entendre trois personnes dans mon club de sport en train de papoter – des personnes vivantes, sans oreillettes, parlant entre elles ! Et pourtant… ce jour-là – comment cela a-t-il pu se produire ? – j’ai fini par avoir mon appel « zoom » hebdomadaire avec un ami à trois mille kilomètres de distance, et ce, juste là, dans cette cafétéria.
Mon ami, D-, m’a dit qu’un philosophe américain avait proposé que, même si nous ne jouissons pas vraiment (ou ne souffrons pas) du libre arbitre, il est préférable – plus agréable ? – d’agir comme si c’était le cas. Bien entendu, si nous n’avons pas de libre arbitre, les spéculations selon lesquelles telle ou telle façon d’agir est « préférable » (ou meilleure, ou immorale) ne sont, au mieux, qu’un divertissement intellectuel.
Mais alors que je faisais remarquer cela à D-, et que j’introduisais dans la conversation le “pari de Pascal” (il vaut mieux parier que Dieu existe), et que je pensais au Credo quia absurdum de Tertullien (parce qu’il est absurde, il est certain que le fils de Dieu est mort et s’est relevé de la tombe) …. Alors que de telles pensées et paroles traversaient mon esprit, le philosophe mort et sa femme se sont relevés pour rendre leurs plateaux en plastique et traverser le rayon lingerie pour se rendre aux toilettes, et P- s’est glissé à côté de moi sur la banquette.
« Howdy stranger ! » – Salut inconnu ! – elle m’a dit et m’a donné sur la joue un baiser si doux !
Español
¡Qué tal, forastero!
P-, una modelo americana con la que quería trabajar, dijo que iba a pasar por París. Hicimos una cita. Pero luego, unos días antes, me envió un texto diciendo que lo sentía mucho, que había tenido que volver a Estados Unidos. No obstante, parecía posible que, de hecho, estuviera en París y que, por tanto, nos encontráramos. Puede que no tenga una buena idea de mi aspecto, pero, por cualquier número de fotos, incluida la de ella desnuda en un vagón de metro de Nueva York, estoy seguro de que podría reconocerla.
Y entonces se anunció que un famoso filósofo francés había muerto. Varios medios de comunicación mostraban la misma foto de él, vestido, con un aspecto quizás veinte años más joven que la última vez que lo había visto en mi barrio, unos meses antes. Fui a la cafetería de los grandes almacenes donde a veces voy a trabajar. Desde « mi » mesa de una esquina trasera hay una vista del Panteón y, en la mesa de al lado, había un hombre que se parecía a la foto del filósofo.
Hablaba con su mujer en español mientras mi portátil se calentaba. Estoy casi moralmente en contra de hablar por teléfono en lugares públicos. Y más temprano en el día, había calentado mi corazón al escuchar a tres personas en mi club deportivo charlando sin audífonos… ¡allí mismo, de personas vivas a personas vivas! Y sin embargo… este día -¿cómo ha podido ser? – acabé teniendo mi llamada « zoom » semanal con un amigo a tres mil millas de distancia, y desde allí mismo en la cafetería.
Mi amigo, D-, me dijo que un filósofo estadounidense había propuesto que, aunque no disfrutemos (o suframos) realmente del libre albedrío, es mejor -¿más agradable?- actuar como si lo tuviéramos. Por supuesto, si no tenemos libre albedrío, las especulaciones de que una u otra forma de actuar son « mejores » (o inmorales) son, en el mejor de los casos, un entretenimiento intelectual.
Pero mientras le hacía notar esto a D-, y traía a la conversación la « apuesta de Pascal » (lo mejor es apostar a que Dios existe), y pensaba en el Credo quia absurdum de Tertuliano (porque es absurdo, es cierto que el hijo de Dios murió y se levantó de la tumba)…. Mientras tales pensamientos y palabras pasaban por mi mente, el filósofo muerto y su esposa se levantaban para devolver sus bandejas de plástico y atravesar el departamento de lencería hasta los baños, y P- se deslizó junto a mí en la banqueta.
« Howdy stranger! » (¡Qué tal, forastero!), dijo y me dio en la mejilla un besito ¡tan dulce!
— Texts(s) and painting by William Eaton.