English followed by une version en français y una versión en español.
Schiele, Freud, Maillol, Elizabeth
Before turning out the light I read an old article about an Egon Schiele exhibition. The article began by referring to a famous passage in Freud, where he speaks of an impulse inhibited in its aim. The instinctual aim being sex, the inhibition could lead, for example, to an interest in beauty, in art.
So than I slept, and in my dreams I ran into a former colleague, Elizabeth. It had been a while and I was pleased to see her. I recalled that she had had a strange romantic experience. When she was in her forties she had fallen in love with another colleague, an economist. We worked in a large international organization, full of economists and of people with a great interest in countries besides their own. I believe the man’s particular interest was Latin America, and he and Elizabeth had gone on vacation there together. And while they were there, he disappeared.
I don’t recall how the matter in fact worked itself out, but in my dream Elizabeth told me that he had been found in a university library in this country they were visiting. There was research that he just had to do. And, it seemed, the matter had, for him at least, turned out reasonably well, as he was now on some sort of fellowship at Harvard.
In his essay on Leonardo da Vinci, Freud wrote that observation of people’s daily lives shows us that most succeed in directing a quite substantial portion of their sex drive into their professional activity. Sublimation replaces the instinctual aim with another, or others, which may be more highly valued and are not sexual.
Schiele’s problems were rather more serious than Elizabeth’s boyfriend’s. His father had syphilis which either killed him or contributed to his dying young and also to the deaths of four of Schiele’s siblings. This could lead one to look for ways to sublimate one’s sexual desires! And by his mid-twenties Egon was well on his way to becoming the leading artist in Vienna.
The exhibit under review seems not to have included any of Schiele’s landscapes, and the article writer felt that Schiele’s later portraits began to look fussy, stolid and conventional. The suggestion being that by the time Schiele died—at age 28 in the Spanish flu pandemic—his great work had been done. But I have long admired some of his more Expressionistic landscapes and have felt the pandemic deprived the world of an artist capable of being as prolific and inventive as Picasso.
As for Elizabeth, in my dream we found no time for her to tell me her own news, or for me to tell her mine. We were walking up a wooded hill back toward some sort of institutional building—a conference center. Toward the crest of the hill, but half hidden in the woods, was a naked woman with the robust limbs and chest of a Maillol sculpture. She was doing some sort of vigorous exercising—standing swaying in place, knees bent, swinging her arms—communing naked with naked nature.
There is an approach to dream interpretation that stresses the fact that all the characters in a dream are, in fact, products of the dreamer’s psyche. Thus, as with a work of fiction, each of the characters may be a different “me.” Certainly I can imagine myself as the lover who ran away to the library, and as the lover who discovered that her beloved was just not that interested in her or able to love another human being. And as for the naked dancer . . . Or someone who would tell the world his intimate dreams?
Best wishes for the new year!
Note
The article mentioned here is John Updike, Can Genitals Be Beautiful, New York Review of Books, December 3, 1997. He was reviewing “Egon Schiele: The Leopold Collection, Vienna,” an exhibit at the Museum of Modern Art, 1997-1998. The catalog of the exhibition was authored by Magdalena Dabrowski and Rudolf Leopold.
Français
Schiele, Freud, Maillol, Elizabeth
Avant d’éteindre la lumière, j’ai lu un vieil article sur une exposition d’Egon Schiele. L’article commençait par faire référence à un passage célèbre de Freud, où il parle d’une pulsion inhibée dans son but. Le but instinctif étant le sexe, l’inhibition pourrait conduire, par exemple, à un intérêt pour la beauté, pour l’art.
Alors j’ai dormi, et dans mes rêves, j’ai rencontré une ancienne collègue, Elizabeth. Cela faisait un moment et j’étais heureux de la voir. Je me suis souvenu qu’elle avait eu une étrange expérience romantique. Quand elle avait une quarantaine d’années, elle était tombée amoureuse d’un autre collègue, un économiste. Nous travaillions dans une grande organisation internationale, pleine d’économistes et de gens qui s’intéressaient beaucoup aux pays autres que le leur. Je crois que cet homme s’intéressait particulièrement à l’Amérique latine, et Elizabeth et lui étaient partis en vacances là-bas. Et pendant qu’ils étaient là, il a disparu.
Je ne me souviens pas comment l’affaire s’est déroulée, mais dans mon rêve, Elizabeth m’a dit qu’il avait été retrouvé dans une bibliothèque universitaire du pays qu’ils visitaient. Il y avait des recherches qu’il devait faire. Et, apparemment, l’affaire s’était, pour lui du moins, assez bien passée, puisqu’il bénéficiait maintenant d’une bourse de recherche à Harvard.
Dans son essai sur Léonard de Vinci, Freud écrit que l’observation de la vie quotidienne des gens nous montre que la plupart d’entre eux parviennent à diriger une partie assez importante de leur libido vers leur activité professionnelle. La sublimation remplace le but instinctif par un autre, ou d’autres, qui peuvent être plus valorisés et qui ne sont pas sexuels.
Les problèmes de Schiele étaient plus graves que ceux du petit ami d’Elizabeth. Son père était atteint de la syphilis, ce qui l’a tué ou a contribué à le faire mourir jeune, ainsi que quatre des frères et sœurs de Schiele. Cela peut conduire à chercher des moyens de sublimer ses désirs sexuels ! Et, au milieu de la vingtaine, Egon était en passe de devenir le principal artiste de Vienne.
L’exposition examinée ne semble pas avoir inclus de paysages de Schiele, et l’auteur de l’article estime que les derniers portraits de Schiele ont commencé à avoir un air tatillon, statique et conventionnel. Mais j’admire depuis longtemps certains de ses paysages les plus expressionnistes et je pense que la pandémie a privé le monde d’un artiste capable d’être aussi prolifique et inventif que Picasso.
Quant à Elizabeth, dans mon rêve, nous n’avons pas trouvé le temps qu’elle me donne de ses nouvelles, ni que je lui donne les miennes. Nous marchions sur une colline boisée en direction d’une sorte de bâtiment institutionnel – un centre de conférence. Vers la crête de la colline, mais à moitié cachée dans les bois, se trouvait une femme nue avec les membres et la poitrine robustes d’une sculpture de Maillol. Elle faisait une sorte d’exercice vigoureux – debout, se balançant sur place, les genoux pliés, oscillant les bras – communiquant nue avec la nature nue.
Il existe une approche de l’interprétation des rêves qui insiste sur le fait que tous les personnages d’un rêve sont, en fait, des produits de la psyché du rêveur. Ainsi, comme dans une œuvre de fiction, chacun des personnages peut être un “moi” différent. Je peux certainement m’imaginer dans le rôle de l’amant qui s’est enfui à la bibliothèque, et dans celui de l’amant qui a découvert que son bien-aimé n’était tout simplement pas intéressé par elle ou capable d’aimer un autre être humain. Quant à la danseuse nue… Ou quelqu’un qui raconterait au monde entier ses rêves intimes ?
Meilleurs vœux pour la nouvelle année !
Español
Schiele, Freud, Maillol, Elizabeth
Antes de apagar la luz leí un viejo artículo sobre una exposición de Egon Schiele. El artículo comenzaba haciendo referencia a un famoso pasaje de Freud, donde habla de un impulso inhibido en su objetivo. Siendo el objetivo instintivo el sexo, la inhibición podría conducir, por ejemplo, a un interés por la belleza, por el arte.
Así que dormí, y en mis sueños me encontré con una antigua colega, Elizabeth. Había pasado tiempo y me alegré de verla. Recordé que ella había tenido una extraña experiencia romántica. A los cuarenta años se había enamorado de otro colega, un economista. Trabajábamos en una gran organización internacional, llena de economistas y de gente muy interesada en otros países además del suyo. Creo que el interés particular de aquel hombre era América Latina, y Elizabeth y él se habían ido juntos de vacaciones allí. Y mientras estaban allí, él desapareció.
No recuerdo cómo se resolvió el asunto, pero en mi sueño Elizabeth me dijo que lo habían encontrado en la biblioteca de una universidad del país que estaban visitando. Tenía que hacer una investigación. Y, al parecer, el asunto, al menos para él, había salido razonablemente bien, ya que ahora disfrutaba de una beca en Harvard.
En su ensayo sobre Leonardo da Vinci, Freud escribió que la observación de la vida cotidiana de las personas nos muestra que la mayoría logra dirigir una parte bastante sustancial de su impulso sexual hacia su actividad profesional. La sublimación sustituye el objetivo instintivo por otro, u otros, que pueden ser más valorados y no son sexuales.
Los problemas de Schiele eran bastante más graves que los del novio de Elizabeth. Su padre tenía sífilis, lo que le mató o al menos contribuyó a que muriera joven, y también a la muerte de cuatro de los hermanos de Schiele. Esto podía llevarle a uno a buscar formas de sublimar sus deseos sexuales. Y a mediados de los veinte años, Egon estaba a punto de convertirse en el artista más importante de Viena.
Al parecer, la exposición no incluía ninguno de los paisajes de Schiele, y el autor del artículo opinaba que los últimos retratos de Schiele empezaban a parecer recargados, rígidos y convencionales. La sugerencia es que cuando murió -a los 28 años en la pandemia de gripe española- su gran obra ya había terminado. Pero hace tiempo que admiro algunos de sus paisajes más expresionistas y creo que la pandemia privó al mundo de un artista capaz de ser tan prolífico e inventivo como Picasso.
En cuanto a Elizabeth, en mi sueño no encontramos tiempo para que me contara sus propias noticias, ni para que yo le contara las mías. Subíamos por una colina boscosa hacia una especie de edificio institucional, un centro de conferencias. Hacia la cresta de la colina, pero medio oculta en el bosque, había una mujer desnuda con las robustas extremidades y el pecho de una escultura de Maillol. Hacía una especie de ejercicio vigoroso -de pie, balanceándose en el sitio, con las rodillas dobladas, moviendo los brazos-, comunicándose desnuda con la naturaleza desnuda.
Existe un enfoque de la interpretación de los sueños que hace hincapié en el hecho de que todos los personajes de un sueño son, de hecho, productos de la psique del soñador. Así, como en una obra de ficción, cada uno de los personajes puede ser un “yo” diferente. Ciertamente, puedo imaginarme como la amante que huyó a la biblioteca, y como la amante que descubrió que su amado simplemente no estaba tan interesado en ella ni era capaz de amar a otro ser humano. Y en cuanto a la bailarina desnuda… ¿O alguien que contara al mundo sus sueños íntimos?
¡Mis mejores deseos para el nuevo año!
— Poem(s) and photographs by William Eaton. The photos are of Maillol sculptures in the excellent exhibilition, Aristide Maillol : La Quête de l’harmonie, Kunsthaus Zürich, through 22 January 2023.