English followed by une version en français y una versión en español.
Jokes
Visiting my son, I’m staying at a very-budget New York hotel. A maintenance man comes to my room to reload the TV channels. For some reason this takes a long time. I am sitting on the cot and he is standing in the doorway. We are both watching a bar on the TV screen slowly fill with blue, as, next to the bar, a box shows the percentage of channels loaded. 18%, 19%, . . . and then the thing stops for a while before moving on to 20%.
“It’s like a marathon runner,” I say to the maintenance man. “Every so often it has to stop for a banana.”
He laughs. So far so good.
Although it’s rainy, cold, gray. Day after day. I’m lunching at one of Manhattan’s innumerable overpriced chain restaurants. I go down to the grungy basement to pee and there find a middle-aged man looking around desperately, hunched over, peering and feeling under sinks and behind toilet bowls, seeking his wife’s expensive earbuds. She’s lost them, perhaps while going to talk on her phone in one of these bathrooms.
“You know,” I say to the man, “if you don’t find them, she’ll have to listen to you.”
No laugh, but an uneasy, sidelong glance from toilet bowl to where I’m standing waiting in the hallway. OK, I get that. When I was young I was accused of “speeding up people’s karma.”
I get back to Paris. It’s rainy, cold, gray. Day after day. In a park I see a woman in a raincoat on the back of which is printed “Paris City of Light.” I don’t say anything. I just wonder if either the woman or the coat manufacturer got the joke? (Irony, a glossary offers, is a figure of speech in which the real meaning of a statement is the opposite of its literal meaning. Irony “implies an awareness of the gaps between how things are and how things seem or should be.” Indeed.)
The next day when I go to my health club there’s a pregnant woman working out in a sweatshirt on the chest of which is printed but one word: “Trinity.” Given colonized French youth’s attachment to sweatshirts from U.S. universities, it is clear that the sweatshirt is an advertisement for Trinity College in New England. But I want to ask the pregnant woman if she’s a virgin. (You know: the Father, the Son and the Holy Ghost.)
I will not be the first to note that getting people—“nature consumers”?—out into nature contributes to its destruction. That is, the process requires airports and air travel and highways and automobile travel, along with the lodging and feeding infrastructure and the metals and plastics used to make outdoorsy equipment. I note, too, more generally, that whenever and wherever I travel these days, I am struck by the waste—especially by the amount of plastic—food containers, plastic shopping and trash bags (waste made in the collection of waste?).
So where or what’s the joke? It could be that in the twenty-first century one of the best, and most environmentally friendly, ways of “getting away from it all” may be to try to tell a joke that involves irony. (And, yes, all jokes, if they’re any good, are aggressive in one way or another. Someone or something, even if it’s just a TV, is pointed out as being odd, ridiculous, risible.)
I have read that in the twenty-first century, people—or young women, that is—insist (quixotically?) that not only can they wear whatever they want, but they have the last, and indeed the only, word regarding how their choice of clothing is interpreted by others. (Sexually provocative, not sexually provocative, etc.) So just try asking a pregnant young woman wearing a Trinity sweatshirt if she’s pregnant. Or trying reprising this joke for your friends. You can feel a chill and a solitude that surpass such as may be enjoyed on some snowy mountain crag, alone in a high-tech sleeping bag.
Even my dear son Jonah—named for the historical figure who exemplified trying to get away from it all!—thought I had gone a bit far. (Not, of course, that I had in fact said the least word to the young woman. But I wasn’t going to tell my son that!)
I texted him that the woman had replied: “Allez-vous faire foutre.” (Go fuck yourself.)
A young mother to be, she should watch what she says?
Note
As regards nature consumers, I quote from Graham Robb, France: An Adventure History (Picador, 2022):
In 2020, one of the dominant expressions of [French] national pride is love of Nature. That love has become one-sided and destructive, demanding for its satisfaction seven hundred miles of autoroute and over one hundred public airports.
Français
Blagues
En visite chez mon fils, je séjourne dans un hôtel new-yorkais très bon marché. Un agent d’entretien vient dans ma chambre pour recharger les chaînes de télévision. Pour une raison que j’ignore, cela prend beaucoup de temps. Je suis assis sur le lit de camp et il se tient dans l’embrasure de la porte. Nous regardons tous les deux une barre sur l’écran de télévision se remplir lentement de bleu, tandis qu’à côté de la barre, une boîte indique le pourcentage de chaînes chargées. 18%, 19%, … et puis le truc s’arrête un moment avant de passer à 20%.
« C’est comme un marathonien », dis-je à l’agent. « De temps en temps, il doit s’arrêter pour manger une banane. »
Il rit. Jusqu’à présent, tout va bien.
Quoiqu’il pleut, il fait froid, il fait gris. Jour après jour. Je déjeune dans l’un des innombrables restaurants de chaîne hors de prix de Manhattan. Je descends au sous-sol crasseux pour uriner et j’y trouve un homme d’âge moyen qui cherche désespérément, courbé, à regarder et à sentir sous les éviers et derrière les cuvettes, à la recherche des écouteurs coûteux de sa femme. Elle les a perdues, peut-être en se rendant dans l’une de ces salles de bains pour parler sur son portable.
Je lui dis : « Vous savez, si vous ne les trouvez pas, elle va devoir vous écouter. »
Pas de rire, mais un regard en coin, inquiet, d’une cuvette à l’endroit où j’attends dans le couloir. D’accord, je comprends. Quand j’étais jeune, quelqu’un m’a accusé « d’accélérer le karma des gens ».
Je rentre à Paris. Il pleut, il fait froid, il fait gris. Jour après jour. Dans un parc, je vois une femme vêtue d’un imperméable sur le dos duquel est imprimé « Paris Ville Lumière ». Je ne dis rien. Je me demande seulement si la femme ou le fabricant de l’imperméable ont compris la plaisanterie. (L’ironie, un glossaire me propose, est une figure de style dans laquelle le sens réel d’un énoncé est le contraire de son sens littéral. Elle implique une prise de conscience des écarts entre la façon dont les choses sont et la façon dont les choses semblent ou devraient être. En effet.)
Le lendemain, je me rends à mon club de sport et il y a une femme enceinte qui fait de la musculation avec un sweatshirt sur la poitrine duquel est imprimé un seul mot : « Trinité ». Étant donné l’attachement des jeunes Français colonisés aux sweatshirts des universités américaines, il est clair que ce sweatshirt est une publicité pour le Trinity College en Nouvelle-Angleterre. Mais je veux demander à la femme enceinte si elle est vierge. (Vous savez : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).
Je ne serai pas le premier à remarquer que le fait d’amener les gens – les « consommateurs de nature » ? – dans la nature contribue à sa destruction. En effet, le processus nécessite des aéroports, des voyages en avion, des autoroutes et des déplacements en voiture, ainsi que des infrastructures d’hébergement et d’alimentation, des métaux et des plastiques utilisés pour fabriquer du matériel de randonnée. Je note également, de manière plus générale, que chaque fois que je voyage ces jours-ci, et quelle que soit la destination, je suis frappé par les déchets – en particulier par la quantité de contenants alimentaires en plastique, de sacs à provisions et de sacs poubelle en plastique (des déchets produits lors de la collecte de déchets ?).
Y a-t-il une blague ici ? La blague pourrait être qu’au XXIe siècle, l’un des meilleurs moyens, et le plus respectueux de l’environnement, de « s’éloigner de tout » pourrait être d’essayer de raconter une blague qui utilise de l’ironie. (Et oui, toutes les blagues, si elles sont bonnes, sont agressives d’une manière ou d’une autre. Quelqu’un ou quelque chose, même si ce n’est qu’une télévision, est pointé du doigt comme étant bizarre, ridicule, risible).
J’ai lu qu’au XXIe siècle, les gens – ou c’est-à-dire les jeunes femmes – espérant contre toute attente ? – insistent sur le fait que non seulement elles peuvent porter ce qu’elles veulent, mais qu’elles ont le dernier mot, et même le seul, sur la façon dont leur choix de vêtements est interprété par les autres (sexuellement provocant, pas sexuellement provocant, etc.). Essaie donc de demander à une jeune femme enceinte portant un sweatshirt de Trinity si elle est enceinte. Ou essaie de répéter cette blague à tes amis. On peut ressentir un frisson et une solitude qui surpassent ceux que l’on peut ressentir sur un rocher enneigé, seul dans un sac de couchage high-tech.
Même mon cher fils Jonah – nommé d’après le personnage historique qui a incarné la tentative de s’éloigner de tout – a pensé que moi, j’étais allé un peu loin. (Non pas, bien sûr, que j’avais dit le moindre mot à la jeune femme. Mais je n’allais pas dit ça à mon fils !)
Je lui ai envoyé un SMS disant que la femme avait répondu : « Allez-vous faire foutre ».
Une jeune future maman, elle devrait faire plus attention à ce qu’elle dit ?
Español
Chistes
Visito a mi hijo y me alojo en un hotel muy económico de Nueva York. Un empleado de mantenimiento viene a mi habitación para recargar los canales de televisión. Por alguna razón, tarda mucho. Yo estoy sentado en el catre y él está de pie en la puerta. Ambos observamos cómo una barra de la pantalla de TV se llena lentamente de azul, mientras, junto a la barra, un recuadro muestra el porcentaje de canales cargados. 18%, 19%, . . . y luego la cosa se para un rato antes de pasar al 20%.
« Es como un corredor de maratón », le digo al empleado. « De vez en cuando tiene que parar a por un plátano ».
Se ríe. Hasta aquí todo bien.
Aunque llueve, hace frío, es gris. Un día tras otro. Almuerzo en una de las innumerables cadenas de restaurantes sobrevalorados de Manhattan. Bajo al mugriento sótano a orinar y allí encuentro a un hombre de mediana edad que mira desesperado, encorvado, oteando y tanteando debajo de los lavabos y detrás de las tazas, buscando los caros auriculares de su mujer. Los ha perdido quizás al ir a uno de esos baños para hablar por el móvil.
« Sabe », le digo al hombre, « si no los encuentra, ella tendrá que escucharle ».
Ninguna risa, pero una mirada inquieta y de reojo desde la taza hasta donde estoy de pie esperando en el pasillo. Vale, lo entiendo. Cuando era joven alguien me acusó de « acelerar el karma de la gente ».
Vuelvo a París. Llueve, hace frío, es gris. Un día tras otro. En un parque veo a una mujer con un impermeable en cuya espalda está impreso « París Ciudad de la Luz ». No digo nada. Me pregunto si la mujer o el fabricante del abrigo habrán entendido el chiste. (La ironía, propone un glosario, es una figura retórica en la que el significado real de una afirmación es el opuesto a su significado literal. Implica una toma de conciencia de las diferencias entre cómo son las cosas y cómo parecen o deberían ser. Efectivamente.)
Al día siguiente voy a mi gimnasio y hay una mujer embarazada haciendo ejercicio con una sudadera en cuyo pecho está impresa sólo una palabra: « Trinity ». Dado el apego de la juventud francesa colonizada a las sudaderas de las universidades estadounidenses, está claro que la sudadera es un anuncio del Trinity College de Nueva Inglaterra. Pero quiero preguntarle a la embarazada si es virgen. (Ya saben: el Padre, el Hijo y el Espíritu Santo).
No seré el primero en señalar que llevar a la gente – « ¿consumidores de naturaleza? »- a la naturaleza contribuye a su destrucción. Es decir, el proceso requiere aeropuertos y viajes aéreos y autopistas y viajes en automóvil, junto con la infraestructura de alojamiento y alimentación y los metales y plásticos utilizados para fabricar el equipo de senderismo. También observo, en general, que cuando viajo y adonde viajo hoy en día, me sorprende el despilfarro, especialmente la cantidad de envases de plástico para alimentos, bolsas de plástico para la compra y la basura (¿residuos generados en la recogida de residuos?).
¿Dónde o cuál es el chiste? Podría ser que en el siglo XXI una de las mejores formas, y más respetuosas con el medio ambiente, de « alejarse de todo » puede ser intentar contar un chiste que incluya ironía. (Y, sí, todos los chistes, si son buenos, son agresivos de un modo u otro. Alguien o algo, aunque sólo sea un televisor, es señalado como raro, ridículo, risible).
He leído que en el siglo XXI, la gente -o las mujeres jóvenes- insisten en que no sólo pueden llevar lo que quieran, sino que tienen la última, y de hecho la única, palabra sobre cómo los demás interpretan su elección de ropa. (Sexualmente provocativa, no sexualmente provocativa, etc.) Así que prueba a preguntarle a una joven embarazada que lleva una sudadera de Trinity si está embarazada. O intenta repetir este chiste a tus amigos. Se siente un escalofrío y una soledad que superan a los que se pueden disfrutar en algún peñasco nevado, solo en un saco de dormir de alta tecnología.
Incluso mi querido hijo Jonah -llamado así por el personaje histórico que ejemplificó el intento de alejarse de todo- pensó que yo había ido un poco lejos. (No, por supuesto, que de hecho le hubiera dicho la menor palabra a la joven. ¡Pero no iba a decírselo a mi hijo!).
Le envié un mensaje diciendo que la mujer había respondido: « Allez-vous faire foutre » (Jódete.)
Una futura madre joven, ¿debería tener cuidado con lo que dice?
— Text(s) and drawing by William Eaton. The glossary referred to above appears at the end of The Premier Book of Major Poets: An Anthology, edited by Anita Dore (Fawcett Books, 1970).